« No Kings » : 3 000 manifestations contre « la dérive autoritaire » de Donald Trump

Environ 3 000 rassemblements ont eu lieu samedi dans tout le pays à l’appel du collectif No Kings, qui accuse le président américain d’affaiblir les institutions démocratiques. Les organisateurs évoquent près de 7 millions de manifestants, un niveau inédit depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison-Blanche en janvier.

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No Kings
Une personne déguisée en statue de la Liberté participe, samedi à New York, à la journée nationale de mobilisation « No Kings ». Des millions d’Américains doivent prendre part à des rassemblements similaires dans tout le pays, selon les organisateurs. Timothy A. Clary / AFP via Getty Images

La contestation est montée d’un cran aux États-Unis. Samedi, à travers près de 3 000 rassemblements organisés dans le pays, des millions d’Américains ont défilé pour dénoncer ce qu’ils décrivent comme une concentration dangereuse du pouvoir entre les mains du président Donald Trump. Le mot d’ordre de cette journée nationale de mobilisation était simple et répété partout, sur des pancartes comme dans les slogans scandés dans la rue : No Kings.

Selon le collectif organisateur, qui regroupe environ 300 associations, plus de 7 millions de personnes ont pris part aux manifestations, une estimation impossible à vérifier de manière indépendante mais qui traduit l’ampleur du mouvement. Depuis son retour au pouvoir, le chef de l’État multiplie les offensives contre le Congrès, la justice fédérale et certains élus locaux, provoquant une fracture politique et institutionnelle sans précédent depuis des décennies.

Une contestation massive dans tout le pays

Des métropoles côtières aux petites villes rurales, la mobilisation a gagné l’ensemble du territoire américain. À New York, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis à Forest Hills dès la matinée, reprenant des slogans hostiles au président. À Washington, un long cortège a convergé vers le Capitole, symbole des institutions américaines malmenées par le bras de fer permanent entre la Maison-Blanche et le Congrès.

Dans le sud du pays, la contestation s’est invitée jusque devant la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride, où des manifestants ont arboré des pancartes comparant le président américain à des figures autoritaires. Même dans des États traditionnellement républicains, comme le Texas, des rassemblements notables ont eu lieu à Houston ou Austin.

Une première mobilisation du même type avait eu lieu en juin dernier. À l’époque, Donald Trump, qui célébrait alors ses 79 ans par une parade militaire à Washington, avait menacé de répondre aux manifestations par une très grande force. Cette fois-ci, le président a choisi une posture plus distante, se contentant de déclarer à la chaîne Fox News : Ils me traitent de roi. Je ne suis pas un roi.

Républicains offensifs, opposition déterminée

Dans son camp, les réactions ont été nettement plus virulentes. Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a dénoncé une mobilisation de haine contre l’Amérique et affirmé que les manifestations étaient infiltrées par des extrémistes de gauche. L’élu conservateur Tom Emmer a, lui, accusé les démocrates d’avoir cédé à l’aile terroriste de leur parti, visant explicitement les mouvements antifascistes qualifiés d’organisation terroriste par Donald Trump.

Le camp démocrate, au contraire, a largement salué cette mobilisation citoyenne. Le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a appelé à ne pas laisser Donald Trump intimider le pays. Il a participé au cortège de Washington, aux côtés du sénateur Bernie Sanders. Ce dernier a pris la parole devant la foule, martelant que le modèle démocratique américain était en danger mais rappelant que le pouvoir appartient au peuple.

Des figures publiques et artistiques se sont également jointes au mouvement, comme l’ancien vice-présidente Kamala Harris ou l’acteur Robert De Niro. En juin déjà, plusieurs célébrités hollywoodiennes, dont Mark Ruffalo et Jimmy Kimmel, avaient pris part aux marches anti-Trump.

Une mobilisation qui dépasse les frontières américaines

Cette journée de protestation intervient dans un contexte déjà très tendu. Le pays traverse une paralysie budgétaire et l’administration fédérale fonctionne au ralenti. Donald Trump a par ailleurs ordonné le déploiement de militaires dans plusieurs grandes villes démocrates sous prétexte de lutte contre l’immigration illégale et la criminalité. Dans certaines de ces villes, comme Chicago ou Los Angeles, des rassemblements de No Kings ont symboliquement eu lieu face à des unités de la garde nationale.

Des manifestations de solidarité ont également été organisées au Canada, notamment à Toronto, Vancouver et Ottawa. Les organisateurs prévoient de nouvelles actions, assurant que la pression populaire se poursuivra tant que les contre-pouvoirs institutionnels resteront menacés à Washington.

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