NEW YORK, 11 avril 2025 – Une famille de cinq touristes espagnols, dont trois enfants, ainsi que leur pilote américain, ont trouvé la mort jeudi après-midi dans le crash d’un hélicoptère de tourisme dans le fleuve Hudson, à New York. Il s’agit de l’accident d’hélicoptère le plus meurtrier dans la ville depuis 2018, dans un contexte de tensions croissantes autour du trafic aérien dans la mégapole.
L’appareil, un Bell 206 affrété par la société New York Helicopter, avait décollé à 14h59 du Downtown Manhattan Heliport pour un vol touristique. Moins de vingt minutes plus tard, il s’est désintégré en plein vol avant de s’abîmer brutalement dans le fleuve, entre Manhattan et Jersey City. Des témoins ont rapporté avoir vu des morceaux se détacher de l’appareil, dont l’hélice principale, avant que celui-ci ne parte en vrille.
« On a vu un hélicoptère et comme un petit éclair qui a coupé l’hélice, elle s’est brisée dans le ciel », a témoigné Belle Angel, témoin du drame. « Une fois l’hélice brisée, nous avons vu l’hélicoptère partir en vrille. »
Les six victimes – un couple et leurs trois enfants originaires de Catalogne, ainsi que le pilote – ont toutes été repêchées sans vie par les secours. Selon plusieurs médias espagnols et américains, le père était Agustín Escobar, dirigeant de Siemens Espagne, en déplacement professionnel à New York. Sa femme, Mercè Camprubí Montal, était cadre chez Siemens Energía. Le couple avait décidé de prolonger son séjour en famille.
Le maire de New York, Eric Adams, a confirmé les décès lors d’un point presse sur les rives du fleuve : « Les six victimes ont été sorties de l’eau. Et malheureusement, elles sont toutes décédées. » Il a salué le travail des secours et promis « toute la transparence nécessaire » concernant l’enquête.
La cheffe de la police de la ville, Jessica Tisch, a indiqué que le vol était le sixième de la journée pour cet appareil, et que le pilote avait signalé peu avant l’accident vouloir retourner à l’héliport pour faire le plein. La cause exacte du crash reste à déterminer, mais les premières hypothèses évoquées incluent une collision avec un oiseau ou un drone, ou encore une défaillance mécanique majeure.
L’enquête a été confiée à l’Agence nationale de sécurité des transports (NTSB), dont des plongeurs poursuivent les recherches dans l’Hudson, notamment pour retrouver le rotor principal de l’appareil. L’ancien aviateur militaire Jim Brauchle, interrogé par l’AFP, estime que « le rotor principal a heurté le corps de l’appareil, sectionnant la queue, ce qui a causé un enchaînement irréversible ».
Dans une réaction publiée sur son réseau Truth Social, le président américain Donald Trump a qualifié les images du crash d’« horribles » et demandé à « Dieu de bénir les victimes ». Il a promis des « annonces rapides » sur les causes de l’accident, ajoutant que son ministre des Transports, Sean Duffy, « et son équipe talentueuse sont sur le coup ».
Ce drame survient quelques semaines seulement après la collision d’un avion de ligne et d’un hélicoptère militaire à Washington, dans le fleuve Potomac, qui avait fait 67 morts, et peu après un autre crash aérien à Philadelphie, où sept personnes ont péri dans un vol sanitaire.
La tragédie relance les critiques récurrentes à l’encontre du trafic intense d’hélicoptères à New York, en particulier ceux à visée touristique. Bien que les vols aient été réduits par accord municipal en 2016 – limités à 30.000 par an, avec interdiction le dimanche –, ils restent très fréquents autour de Manhattan, attirant des millions de touristes prêts à débourser plus de 200 dollars pour quelques minutes de survol.
Depuis 1977, au moins 38 personnes sont mortes dans des accidents d’hélicoptère dans la ville. En 2009, un hélicoptère transportant des touristes italiens avait percuté un petit avion privé au-dessus de l’Hudson, tuant neuf personnes. En 2018, un autre hélicoptère s’était écrasé dans l’East River, faisant cinq morts.
Les élus locaux, tout en rendant hommage aux victimes, s’interrogent sur la pertinence du maintien d’un tel niveau de trafic au-dessus d’une zone aussi densément peuplée. « La question, c’est combien de morts faudra-t-il encore pour repenser sérieusement ce modèle ? », a lancé un conseiller municipal de Manhattan, appelant à un moratoire immédiat sur les vols touristiques.