La diplomatie s’est activée lundi à Paris, où Emmanuel Macron a reçu Volodymyr Zelensky pour un entretien suivi d’une conférence de presse très attendue. Au cœur des discussions : le plan de paix proposé par les Etats-Unis, actuellement en cours de négociation entre Kiev et Washington, et censé être présenté à Moscou dans les prochains jours. S’il a salué l’« effort de médiation » américain, le chef de l’Etat a reconnu qu’« aucun plan finalisé » n’existait à ce stade, notamment sur la question territoriale.
Les discussions surviennent alors que la Russie revendique de nouvelles avancées militaires sur le front est, dont la prise stratégique de Pokrovsk. Dans ce contexte, Emmanuel Macron a également échangé dans la soirée par téléphone avec Donald Trump pour évoquer les prochaines étapes du travail de médiation américain. Le président ukrainien, lui, dit s’attendre à « une discussion » directe avec son homologue américain sur les points les plus sensibles.
Washington intensifie sa médiation et se dit « très optimiste »
A Washington, la Maison Blanche affirme avoir bon espoir de parvenir à un accord. Selon sa porte-parole, Karoline Leavitt, Donald Trump et son équipe « ont travaillé très dur » et souhaitent « sincèrement voir cette guerre prendre fin ». Les discussions menées en Floride entre les négociateurs américains et ukrainiens ont débouché sur des « progrès significatifs », a détaillé Kiev, tout en reconnaissant que certains points nécessitaient encore des « ajustements ».
Le plan proposé par les Etats-Unis fait l’objet de consultations intenses : une délégation américaine doit se rendre à Moscou, tandis qu’Emmanuel Macron assure que les Européens devront être associés à toutes les décisions. « Les garanties de sécurité ne peuvent être discutées sans les Ukrainiens et les Européens autour de la table », a insisté le chef de l’Etat.
Les Pays-Bas ont par ailleurs annoncé une contribution de 250 millions d’euros pour financer des achats d’armes américaines destinées à l’Ukraine, dans le cadre du mécanisme mis en place cet été par Donald Trump et l’OTAN. Une décision présentée comme un moyen de renforcer la position de Kiev lors des négociations.
Macron et Zelensky affichent une unité, malgré les incertitudes sur le plan américain
Devant la presse, Emmanuel Macron a répété que l’Ukraine restait seule maîtresse de ses choix sur les questions territoriales. « L’Ukraine est la seule qui peut discuter de territoire », a-t-il rappelé, affirmant que « la Russie doit donner de la clarté » au médiateur américain sur sa volonté réelle d’avancer vers la paix.
Volodymyr Zelensky a, lui, mis en garde contre toute forme de récompense accordée à Moscou. « Nous devons faire en sorte que la Russie n’ait pas l’impression d’obtenir une récompense pour la guerre », a-t-il déclaré. Il a évoqué la nécessité d’un dispositif solide de garanties de sécurité et rappelé que l’utilisation des avoirs russes gelés devait faire partie de la discussion, estimant que « l’agresseur doit payer pour son forfait ».
Le président ukrainien s’est aussi exprimé sur la situation militaire, affirmant que les récentes avancées russes n’avaient pas encore débouché sur des succès durables. Evoquant « une ligne de front vivante », il a insisté sur la résistance ukrainienne malgré la pression accrue.
La Russie revendique la prise de Pokrovsk, point névralgique du front est
En parallèle des tractations diplomatiques, Moscou revendique de nouvelles avancées militaires. Le Kremlin a annoncé la « libération » de Pokrovsk (Krasnoarmeïsk en russe), un nœud logistique majeur pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk dans le nord-est. Des images diffusées par le ministère russe de la défense montrent des soldats hissant un drapeau sur la place centrale de Pokrovsk.
Cette prise constitue un revers stratégique pour l’armée ukrainienne, qui s’efforce depuis des mois de contenir l’avancée russe dans ce secteur. Pokrovsk, ville de 60 000 habitants avant la guerre, se trouve au croisement de routes menant vers les principales forteresses ukrainiennes de l’est. Sa chute complique le ravitaillement de la région et fragilise la position des troupes ukrainiennes dans les villes voisines.
Pour Moscou, ces gains s’inscrivent dans une dynamique offensive confirmée par les analyses de l’Institut américain pour l’étude de la guerre : en novembre, l’armée russe aurait conquis plus de 700 kilomètres carrés, sa progression mensuelle la plus importante depuis un an.
Nouvelles frappes russes et inquiétudes sécuritaires en mer Noire
L’Ukraine est restée sous le feu des bombardements lundi. À Dnipro, une frappe russe a fait au moins quatre morts et plusieurs dizaines de blessés. Plusieurs bâtiments civils ont été endommagés, et le parquet régional a ouvert une enquête pour crime de guerre. À Mykolaïv, des drones Shahed ont visé un site industriel, sans faire de victimes.
En mer Noire, les tensions montent également après des attaques de drones revendiquées par Kiev contre des pétroliers de la « flotte fantôme » russe, utilisés pour contourner les sanctions occidentales. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé une « escalade inquiétante », affirmant que ces frappes mettaient en danger la sécurité maritime dans la région.
L’Europe affiche son unité sur le dossier ukrainien
Alors que les discussions internationales se multiplient, Berlin a rappelé une ligne rouge : « aucune décision concernant l’Ukraine et l’Europe sans les Ukrainiens et les Européens », a déclaré le chancelier allemand. Une manière de souligner que l’issue des pourparlers américains devra impérativement intégrer les positions européennes.
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Pour Emmanuel Macron, les prochaines semaines seront déterminantes. Il affirme que les travaux sur les garanties de sécurité ont été « finalisés » côté français et que de nouvelles consultations doivent préciser la participation américaine. « Au moment où l’on parle de paix, la Russie continue de tuer et de détruire », a-t-il rappelé.


