La voix est posée, mais l’émotion affleure. François Bayrou s’est exprimé lundi 22 avril après la publication d’un témoignage de sa fille Hélène, révélant avoir été victime d’agressions sexuelles dans son enfance, dans le cadre de l’affaire Bétharram. Le président du MoDem, maire de Pau, a dit avoir reçu ce témoignage « comme un coup en plein cœur ».
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« C’est une douleur intime, profonde. Une douleur de père. C’est elle qui a choisi de parler, je la soutiens entièrement », a-t-il déclaré à La République des Pyrénées, quotidien local qui a relayé l’histoire. La prise de parole d’Hélène Bayrou, inédite, s’ajoute aux multiples révélations visant la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, implantée dans les Pyrénées-Atlantiques.
Un témoignage dans la presse locale
Dans une tribune publiée le week-end dernier, Hélène Bayrou évoque des faits survenus alors qu’elle était mineure, au sein d’un établissement lié à la congrégation. « On m’a volé une part de moi-même », écrit-elle, sans entrer dans les détails. Son récit rejoint ceux d’autres anciens élèves ou enfants de fidèles, qui dénoncent un climat de silence et de manipulation exercé par certains religieux.
Le parquet de Pau a confirmé qu’une enquête préliminaire est en cours depuis 2022, après des signalements visant plusieurs membres de la communauté. Le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, dont dépend Bétharram, affirme avoir transmis les éléments en sa possession à la justice ecclésiastique et civile.
Un silence familial brisé
François Bayrou, père de cinq enfants, a indiqué qu’il n’était pas au courant des faits jusqu’à récemment. « Ce n’est pas quelque chose qu’on devine. On ne l’imagine même pas. Elle ne m’en avait jamais parlé. Je mesure le courage qu’il lui a fallu pour le faire. »
L’ancien ministre, pilier du centre-droit français depuis plus de trois décennies, dit vouloir s’effacer derrière la parole de sa fille. « Ce qu’elle a dit est la vérité. Elle mérite d’être entendue, sans récupération, sans détournement. »
L’affaire Bétharram, un dossier sensible pour l’Église
La congrégation Bétharram, fondée au XIXe siècle, compte une centaine de membres à travers le monde. Elle gère un sanctuaire, une maison d’accueil et des activités pastorales à Lestelle-Bétharram, près de Lourdes. C’est là que plusieurs victimes présumées affirment avoir été agressées, parfois sur plusieurs années.
L’affaire survient dans un contexte de vigilance accrue de l’Église de France, après les révélations du rapport Sauvé sur l’ampleur des abus sexuels au sein de l’institution. Le diocèse concerné assure « coopérer pleinement avec les autorités judiciaires ».