François Bayrou face à l’affaire Bétharram : l’heure de vérité à l’Assemblée nationale
François Bayrou est attendu ce mercredi 14 mai devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale pour répondre des violences commises à l’institution catholique Notre-Dame de Bétharram.
Ce mercredi 14 mai, François Bayrou s’apprête à affronter l’un des moments les plus délicats de sa carrière politique. Convoqué par la commission d’enquête parlementaire, le Premier ministre doit s’expliquer sur son rôle et ses responsabilités dans l’affaire Bétharram. Un scandale de violences physiques, psychologiques et sexuelles commises pendant des décennies au sein de l’institution catholique Notre-Dame de Bétharram, située dans les Pyrénées-Atlantiques. Une affaire devenue depuis février un véritable séisme politique.
Une commission d’enquête sous haute tension
« Je n’ai jamais été informé de violences à Bétharram », avait affirmé François Bayrou devant les députés en février dernier, face aux questions insistantes de Paul Vannier, député de La France insoumise. Mais les révélations se sont multipliées. Témoignages d’anciens élèves, documents accablants, jusqu’au témoignage d’Hélène Perlant, sa propre fille, qui a reconnu avoir été victime de violences durant sa scolarité dans l’établissement.
L’affaire prend une nouvelle dimension avec la mise en place de la commission d’enquête parlementaire, qui doit faire la lumière sur les responsabilités de chacun. Une autre commission, indépendante, a également été créée à l’initiative de la congrégation religieuse de Bétharram, pour évaluer l’ampleur des violences et proposer des mesures de réparation.
Des témoignages glaçants
Parmi les nombreuses victimes, Jean-Marie Delbos, 79 ans, se considère comme la « victime zéro » de Bétharram. C’est lui qui a révélé pour la première fois les abus dans cette institution où il a été élève dans les années 1950. « Ils étaient intouchables. Les prêtres nous frappaient, nous humiliaient, et personne ne faisait rien », se souvient-il, cité par Libération. Aujourd’hui, il est l’un des principaux témoins de l’enquête.
La pédopsychiatre Laelia Benoit, qui suit de près le dossier, estime que l’affaire Bétharram est révélatrice d’une « culture de la soumission » et d’un système où les violences envers les enfants étaient tolérées, voire encouragées. « Les élèves ont tenté d’alerter, mais ils n’ont pas été entendus », déplore-t-elle dans les colonnes du Monde.
Un premier ministre sur la défensive
Face à cette accumulation de révélations, François Bayrou adopte une ligne de défense tranchée. « C’est un scandale que l’on m’impute des faits dont j’ignorais tout », a-t-il martelé à plusieurs reprises. Mais son assurance vacille depuis que sa propre fille a pris la parole, révélant les violences subies dans son adolescence. « Je n’ai pas vu, je n’ai pas su voir », a-t-il finalement concédé, évoquant un « drame familial ».
Au-delà des responsabilités dans la gestion de l’établissement, c’est la carrière politique de François Bayrou qui est en jeu. Premier ministre depuis 2023, figure centrale de la majorité, il est désormais fragilisé par cette affaire. « Il doit dire la vérité, sinon il est fini », avertit un proche cité par Le Monde.
Mais ses soutiens restent mobilisés. « François Bayrou est un homme intègre, qui a toujours agi avec sincérité », défend Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale.
L’affaire Betharram loin d’être close
L’audition de François Bayrou pourrait marquer un tournant dans cette affaire qui n’en finit pas de s’étendre. Les conclusions de la commission d’enquête parlementaire sont attendues dans les prochaines semaines. En parallèle, la commission indépendante continue ses travaux. Mais déjà, pour beaucoup, Bétharram est devenu le symbole d’un scandale d’État qui pourrait emporter bien plus qu’un homme politique.