Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a proposé que les forces de l’ordre puissent accéder aux téléphones portables des personnes en situation irrégulière, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Une prise de position qui relance le débat sur l’équilibre entre sécurité et libertés fondamentales.
Dans une interview accordée dimanche au Journal du dimanche, le sénateur de Vendée a plaidé pour un durcissement des contrôles à l’encontre des étrangers sans titre de séjour. « Il faut donner aux forces de l’ordre les moyens d’être plus efficaces. Cela passe notamment par la possibilité de fouiller les téléphones des personnes en situation irrégulière, avec l’autorisation d’un juge, comme cela se fait déjà dans d’autres domaines », a-t-il affirmé.
Une proposition en lien avec l’actualité judiciaire
Cette déclaration intervient quelques jours après l’attentat survenu à Paris, au cours duquel un ressortissant étranger en situation irrégulière a été mis en cause. Bien que l’enquête soit encore en cours, la droite sénatoriale appelle à tirer rapidement les conséquences de cet acte. Bruno Retailleau, comme d’autres figures de son parti, estime que « trop d’attentats sont commis par des personnes qui n’auraient pas dû être sur le territoire français ».
Ce n’est pas la première fois que le patron des sénateurs LR défend un durcissement des politiques migratoires. Il avait déjà dénoncé en décembre 2023 la « naïveté » du gouvernement lors du débat sur la loi immigration, votée après plusieurs semaines de négociations houleuses. Il avait alors obtenu l’adoption au Sénat de plusieurs amendements visant à restreindre les possibilités de régularisation et à faciliter les expulsions.
Des mesures controversées
La proposition de fouille des téléphones, même conditionnée à l’accord d’un juge, suscite de vives réactions. Plusieurs associations de défense des droits de l’homme s’inquiètent d’une dérive sécuritaire. « Cela reviendrait à instaurer une présomption de culpabilité fondée uniquement sur le statut administratif des personnes, ce qui est contraire aux principes fondamentaux du droit », a réagi l’association La Cimade dans un communiqué.
De son côté, le Conseil national des barreaux rappelle que l’accès aux données personnelles constitue une atteinte grave à la vie privée, même dans un cadre judiciaire. « Ce type de mesure ne peut être justifié que par des soupçons concrets et individualisés, et non par une logique de contrôle généralisé », souligne l’institution.
Le gouvernement reste prudent
Interrogé sur la proposition de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a pas directement commenté l’idée, mais a rappelé que « les forces de l’ordre disposent déjà d’outils juridiques puissants pour lutter contre l’immigration clandestine ». Il a toutefois ajouté que « toutes les pistes méritent d’être étudiées dans le respect de l’État de droit ».
Le débat sur les pouvoirs de l’État en matière d’immigration est appelé à se poursuivre dans les prochains mois, à l’approche des élections européennes, où la question migratoire promet d’être au cœur des échanges. Les Républicains espèrent ainsi durcir leur ligne et reprendre l’initiative face au Rassemblement national, qui multiplie également les propositions sécuritaires.