Congé de naissance : l’Assemblée valide la nouvelle mesure voulue par Emmanuel Macron pour soutenir la natalité

Les députés ont adopté un nouveau congé de naissance d’un à deux mois par parent, mieux indemnisé que le congé parental et cumulable avec les congés maternité et paternité. Une mesure présentée comme un levier de “réarmement démographique”, mais dont le financement suscite déjà des critiques.

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Emmanuel Macron à l'Elysée. Image d'illustration - Reuters

L’examen du budget de la Sécurité sociale pour 2026 a permis d’entériner l’une des promesses clefs d’Emmanuel Macron en matière de politique familiale. Mercredi, l’Assemblée nationale a approuvé la création d’un nouveau congé supplémentaire de naissance, destiné à compléter les dispositifs déjà existants. L’exécutif voit dans cette réforme un outil pour enrayer la baisse continue de la natalité. La France a enregistré un peu moins de sept cent mille naissances en 2024 selon l’Insee, le niveau le plus faible depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La mesure divise cependant sur son financement et sur sa portée réelle.

Le nouveau congé, ouvert aux deux parents, pourra être pris pendant un ou deux mois, avec la possibilité de diviser cette période en deux blocs mensuels. Il s’ajoute intégralement aux congés maternité et paternité obligatoires et peut être posé simultanément ou alternativement par les membres du couple. Dans sa configuration maximale, une famille pourrait donc disposer de quatre mois supplémentaires de présence parentale rémunérée après une naissance, un signal fort envoyé par le gouvernement au moment où les modes de garde manquent et où les familles peinent à concilier emploi et accueil du jeune enfant.

Une alternative au congé parental, jugé trop long et trop faiblement payé

La réforme ne modifie ni la durée ni la structure du congé maternité ou du congé paternité. Elle ne supprime pas non plus le congé parental qui permet aux parents de suspendre leur activité jusqu’aux trois ans de l’enfant, moyennant une allocation avoisinant quatre cents euros mensuels. Elle ambitionne en revanche de proposer une option plus courte et mieux indemnisée. Selon Emmanuel Macron, le congé parental actuel crée beaucoup d’angoisse car il est très faiblement rémunéré et place de nombreuses familles dans des situations impossibles. La nouvelle formule doit apporter davantage de souplesse et réduire les freins au retour à l’emploi.

Le gouvernement prévoit une indemnisation équivalente à soixante dix pour cent du salaire net le premier mois et soixante pour cent le second. Le détail sera fixé par décret, mais plusieurs élues ont regretté une ambition insuffisante pour répondre aux difficultés rencontrées par les foyers modestes. Des amendements transpartisans imposent par ailleurs qu’au moins un mois de ce congé ne puisse être pris simultanément afin de favoriser une meilleure répartition du temps parental et de garantir à chacun un temps de présence autonome auprès de l’enfant.

Un financement contesté au sein même de la majorité

L’entrée en vigueur de la mesure suscite un débat. Le texte initial prévoyait une application pour les enfants nés ou adoptés à partir de juillet deux mille vingt sept, mais un amendement défendu par Sarah Legrain a avancé la date au premier janvier deux mille vingt six. Le coût de cette mesure est évalué à trois cents millions d’euros dès la première année, avec une montée en charge possible selon l’ampleur de l’adoption par les familles.

Son financement repose sur un report de quatorze à dix huit ans de la majoration des allocations familiales. Cette décision a été critiquée par une partie de l’opposition. La députée Marie Charlotte Garin a estimé qu’il était incohérent de réduire un soutien aux parents d’adolescents pour financer un droit attribué aux parents de jeunes enfants. Plusieurs élus soulignent également qu’un tel arbitrage risque d’accentuer les disparités entre familles en fonction de l’âge des enfants.

Une pièce centrale du réarmement démographique, mais un effet incertain

Le congé de naissance s’inscrit dans le projet de réarmement démographique voulu par Emmanuel Macron pour tenter de faire remonter l’indicateur de fécondité, tombé à un niveau historiquement bas. Cette stratégie mêle soutien financier, réforme des modes de garde et encouragement au partage des tâches parentales. Elle doit encore convaincre dans un contexte où la baisse de la natalité reflète autant des facteurs économiques que des transformations sociales plus profondes.

L’adoption de ce nouveau congé représente toutefois une étape importante. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, un droit familial rémunéré est créé. Le gouvernement espère qu’il encouragera davantage les pères à s’impliquer dès les premiers mois et qu’il offrira aux mères un retour à l’emploi moins contraint.

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