À la COP30, organisée au Brésil, un sujet inédit s’est imposé dans les discussions : la crédibilité de l’information climatique. Pour la première fois dans une conférence onusienne sur le climat, dix pays, France, Brésil, Canada, Allemagne, Espagne, Suède, Danemark, Finlande, Uruguay et Pays-Bas, ont signé une déclaration commune visant à mieux identifier, prévenir et réguler la désinformation liée au changement climatique.
Initiée par le Brésil, pays hôte, la démarche entend répondre à un constat partagé par les délégations : la multiplication de contenus trompeurs nuit à la compréhension publique de la transition, ralentit l’adhésion aux politiques climatiques et fragilise les processus démocratiques.
Une question désormais considérée comme un obstacle politique
Jusqu’ici, le sujet n’avait jamais fait l’objet d’un engagement officiel lors d’une COP. Cette fois, les États signataires s’engagent à promouvoir un accès « fondé sur la science » aux données climatiques, à soutenir les médias indépendants et à renforcer la transparence sur les sources d’information utilisées dans les débats environnementaux.
L’objectif est également de mieux coordonner les réponses gouvernementales. La déclaration prévoit la création d’un cadre de coopération internationale portant sur la formation, la recherche, le suivi de la désinformation et l’échange de bonnes pratiques. Les plateformes numériques et les grandes entreprises sont invitées à participer, sans engagement contraignant pour l’instant.
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« Sans intégrité de l’information, il ne peut y avoir de décisions crédibles en matière de politique climatique », a résumé l’un des représentants brésiliens impliqués dans la rédaction du texte.
Un phénomène en forte progression
Le choix d’inscrire la désinformation à l’agenda de la COP s’explique par les données récemment publiées par plusieurs observatoires. En France, un travail de recensement mené par QuotaClimat a identifié plus de 500 cas de désinformation climatique dans les médias audiovisuels en moins d’un an, avec une forte concentration autour des solutions de transition et du coût des politiques publiques.
Au niveau international, les États signataires soulignent la progression de contenus trompeurs ou manipulés, parfois relayés par des réseaux organisés ou des campagnes d’influence politique. L’émergence des deepfakes et des contenus générés par intelligence artificielle est également pointée comme un facteur d’accélération.
Une déclaration politique, mais non contraignante
La portée juridique de ce texte reste limitée. La déclaration n’a pas de valeur obligatoire : elle ne crée ni sanctions, ni standards stricts, ni mécanismes de contrôle. Elle repose sur l’engagement politique volontaire des pays signataires.
Reste à observer comment cette initiative sera déclinée au niveau national. En France, plusieurs ONG ont appelé à la publication d’un plan d’action spécifique, incluant un suivi indépendant, une meilleure transparence des financements et un travail renforcé avec les rédactions.
Pour ses promoteurs, cette déclaration n’est qu’un point de départ. D’autres pays, notamment européens, ont indiqué envisager de la rejoindre. Les discussions pourraient déboucher sur un cadre multilatéral plus structuré lors des prochaines COP, voire sur des normes internationales encadrant la circulation de contenus climatiques trompeurs.


