Dans un contexte géopolitique marqué par la guerre aux portes de l’Europe et par la fragilisation des équilibres internationaux, l’exécutif avance vers une réforme à forte portée symbolique. Emmanuel Macron pourrait annoncer dans les prochains jours l’instauration d’un service militaire volontaire, une idée qu’il défend depuis l’été. La date de jeudi circule, même si aucune confirmation officielle n’a pour l’instant été donnée.
En marge du G20 à Johannesburg, le chef de l’État a insisté sur la nécessité pour la France de conserver une capacité de dissuasion crédible dans un monde instable. Le souvenir de la conscription supprimée en 1997 ressurgit alors que plusieurs pays européens ont rétabli un service militaire obligatoire face à la menace russe.
Un projet encore en arbitrage
Les contours précis du dispositif restent flous. Le ministère des Armées refuse pour l’heure d’en détailler la durée ou le coût, se contentant d’évoquer des travaux en cours. Plusieurs scénarios circulent néanmoins. Ils envisagent entre dix mille et cinquante mille jeunes engagés chaque année dans un cadre volontaire. La presse évoque une durée de dix mois assortie d’une rémunération de quelques centaines d’euros.
La Revue nationale stratégique 2025 présente ce futur service comme un outil destiné à renforcer la cohésion nationale et à créer un réservoir de citoyens mobilisables en cas de crise. L’enjeu est clairement lié à la capacité du pays à tenir dans un conflit prolongé, un besoin rappelé cet été par le général Pierre Schill.
Une classe politique divisée mais attentive
L’idée séduit une partie de la droite et du centre. Cédric Perrin évoque une initiative capable de réveiller l’esprit de défense et de renforcer la résilience collective. Jordan Bardella soutient également le principe, y voyant un premier pas vers un retour sous les drapeaux.
À gauche, le ton se fait plus prudent. Patrick Kanner rappelle son attachement à une armée de métier, tout en se disant favorable à l’engagement volontaire de la jeunesse. La future réforme devra aussi clarifier le sort du service national universel, un programme civil destiné aux mineurs qui n’a jamais trouvé son équilibre malgré les ambitions initiales.
Un dispositif pour répondre aux besoins des armées
La France compte actuellement environ deux cent mille militaires d’active et quarante sept mille réservistes. Les objectifs fixés pour 2030 prévoient une montée en puissance afin d’atteindre deux cent dix mille militaires et quatre vingt mille réservistes. Le recours à un service volontaire pourrait contribuer à combler ce besoin de masse, notamment pour soutenir les forces en cas de crise majeure.
Les arbitrages finaux sont désormais attendus, au moment où l’exécutif cherche à adapter le modèle militaire français à un environnement stratégique qui se dégrade rapidement. L’annonce présidentielle, si elle intervient jeudi, ouvrira une nouvelle phase de débat sur la manière d’associer la jeunesse à la défense nationale.


