Depuis mardi, l’exécutif navigue dans une zone délicate. En quelques phrases prononcées devant le congrès des maires, le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, a déclenché une tempête politique en affirmant que la France devait être prête à “accepter de perdre ses enfants” face au risque de guerre avec la Russie. Une formulation aussitôt dénoncée par plusieurs responsables politiques, forçant le gouvernement à intervenir pour clarifier sa position.
Invitée vendredi matin sur TF1, Maud Bregeon a tenté de dissiper les inquiétudes. La porte-parole a assuré que “nos enfants n’iront pas combattre et mourir en Ukraine”, rappelant que le pays dispose d’une armée de métier et qu’il n’est pas question d’envoyer des jeunes civils sur un front extérieur.
Le discours du général Mandon secoue la scène politique
Devant les élus locaux réunis à Paris, Fabien Mandon décrivait une France qui doit “restaurer sa force d’âme” pour affronter une période marquée par la montée des tensions internationales. L’expression sur le fait de “perdre ses enfants”, extraite d’un passage où il évoquait les soldats de 18 à 27 ans déployés sur plusieurs théâtres extérieurs, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
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Les réactions ont été immédiates. Jean-Luc Mélenchon s’est dit en “désaccord total”, dénonçant une vision “irresponsable” de la préparation militaire. Louis Aliot, lui, a estimé qu’il fallait “être prêt à mourir pour son pays”, mais uniquement dans une guerre “juste” ou menaçant directement la survie de la nation.
À la tête des armées, Catherine Vautrin a tenté de replacer les propos dans leur contexte, soulignant la nécessité pour les forces armées “d’alerter” sur les risques, sans que cela ne doive être interprété comme un appel à la mobilisation générale.
Le gouvernement cherche à apaiser les esprits
Sur TF1, Maud Bregeon s’est attachée à cadrer le message. Elle a insisté sur le fait que le général évoquait les militaires envoyés chaque année en opérations extérieures, dont certains sont effectivement tombés au combat, et non une hypothétique mobilisation massive. “Nos enfants, au sens où on l’entend, n’iront pas combattre en Ukraine”, a-t-elle réaffirmé.
Cette mise au point intervient alors que l’exécutif travaille parallèlement sur une réforme du service national. Le projet de service militaire volontaire, dont Emmanuel Macron a évoqué le principe plusieurs fois depuis l’été, reste en réflexion. Maud Bregeon reconnaît qu’une adaptation du service national universel est sur la table, mais assure que “nous n’en sommes pas là”.
Un climat stratégique qui pèse sur le débat
La controverse s’inscrit dans un contexte où la question de l’engagement militaire revient régulièrement dans le débat public, alimentée par la guerre en Ukraine et les tensions entre l’OTAN et la Russie. En début de semaine, Emmanuel Macron avait rappelé au G20 la nécessité pour la France de demeurer une nation “forte”, capable de dissuader toute agression.
Les propos du général Mandon, eux, soulignent la difficulté pour les forces armées d’alerter sur les risques sans déclencher de panique politique. Le gouvernement cherche désormais à reprendre la main, alors que la séquence relance, malgré lui, le débat sur la préparation du pays et le rôle de la jeunesse dans l’effort de défense.


