Marine Tondelier, l’écologiste qui se rêve en candidate de 2027

La patronne des Écologistes prépare le terrain pour une candidature à la présidentielle. Entre ambition personnelle et volonté d’unir la gauche, elle s’impose comme une figure centrale du jeu politique.

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Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti Les Écologistes (Les Verts), assiste à un rassemblement du Nouveau Front populaire, à Montreuil, près de Paris, le premier jour de la campagne officielle pour les élections législatives françaises, le 17 juin 2024. REUTERS/Sarah Meyssonnier
Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti Les Écologistes (Les Verts), assiste à un rassemblement du Nouveau Front populaire, à Montreuil, près de Paris, le premier jour de la campagne officielle pour les élections législatives françaises, le 17 juin 2024. REUTERS/Sarah Meyssonnier

Depuis des mois, Marine Tondelier ne cache plus ses intentions. Réélue en avril à la tête des Écologistes, l’ancienne adjointe au maire d’Hénin-Beaumont prépare méthodiquement la séquence présidentielle. « Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour une candidature unique de la gauche », confiait-elle début juin. Une formule qui dit tout de sa stratégie : s’imposer comme la candidate naturelle de l’unité tout en affirmant son leadership au sein du parti vert.

À 38 ans, celle qui a relancé une formation moribonde après le fiasco des européennes de 2024 veut désormais incarner la relève. Son ton offensif, sa maîtrise des réseaux sociaux et son image d’écologiste populaire séduisent une partie de la jeunesse militante. Mais son pari reste risqué : rassembler une gauche éclatée tout en évitant de se diluer dans un front commun dominé par d’autres forces.

Une candidature mûrie dans l’ombre

L’annonce n’a rien d’improvisé. Depuis plusieurs mois, Marine Tondelier occupe le terrain médiatique, enchaîne les déplacements et consolide son réseau d’élus locaux. Elle a multiplié les tribunes sur la transition énergétique, la relance industrielle et la défense du service public : autant de thèmes destinés à élargir son socle électoral au-delà du seul vote vert. « Nous devons faire de l’écologie le moteur du progrès social », répète-t-elle à ses équipes.

Cette préparation s’inscrit dans une logique d’anticipation : occuper le vide laissé par une gauche sans figure consensuelle. Depuis la débâcle du Nouveau Front populaire aux européennes, Tondelier s’efforce de repositionner les Écologistes comme pivot de l’opposition. Selon un proche, « elle a compris que la présidentielle ne se gagnerait pas en trois mois de campagne ». En avançant dès 2025, elle espère verrouiller le calendrier et contraindre les autres partis à s’aligner sur son tempo.

Faire l’union sans disparaître

Marine Tondelier veut croire à une « candidature commune » à gauche, mais à condition que l’écologie y joue un rôle moteur. L’idée d’une primaire ouverte, qu’elle soutient, lui permettrait de légitimer son rôle de chef de file sans l’imposer de force. « Si je suis la mieux placée, j’irai ; sinon, je soutiendrai celui ou celle qui pourra gagner », assure-t-elle publiquement. Une posture d’ouverture qui cache mal une détermination à incarner, à terme, cette candidature unique.

Le principal obstacle reste la France insoumise. Les tensions sont nombreuses : certains cadres écologistes jugent impossible une alliance avec Jean-Luc Mélenchon, d’autres y voient une nécessité électorale. « Marine doit clarifier son rapport avec LFI », a demandé Yannick Jadot cet été. Tondelier temporise, consciente que l’union sans la gauche radicale est mathématiquement impossible, mais qu’une alliance trop marquée risquerait de faire fuir les électeurs modérés.

Une figure montante mais encore fragile

Sur le plan interne, Marine Tondelier a consolidé son autorité, non sans froisser certaines sensibilités. Plusieurs anciens responsables dénoncent un « parti verrouillé », où la ligne présidentielle s’impose sans véritable débat. Mais son entourage défend une stratégie d’efficacité : « Il faut un cap, pas des états d’âme », tranche un proche conseiller. La discipline qu’elle impose contraste avec l’image éclatée qu’offraient jadis les Verts, longtemps divisés entre courants rivaux.

Reste la question du poids électoral. Les sondages récents créditent l’écologie d’environ 8 % des intentions de vote, loin du seuil nécessaire pour prétendre au second tour. Tondelier parie sur un renversement de dynamique en 2026, grâce à la montée des enjeux climatiques et sociaux. Elle espère convaincre que l’écologie n’est pas un supplément d’âme, mais un projet global. « Les Français veulent qu’on leur parle d’avenir concret : d’énergie, de santé, d’alimentation », confie-t-elle à France Inter.

Une équation politique encore incertaine

Sa candidature potentielle pourrait rebattre les cartes au sein de la gauche. En s’affichant dès maintenant comme prétendante, Marine Tondelier prend le risque d’exposer son camp à des divisions prématurées. Mais elle gagne en crédibilité : pour la première fois depuis Eva Joly en 2012, une écologiste assume publiquement une ambition présidentielle structurée.

Son défi sera double : convaincre les partenaires de gauche qu’elle peut rassembler sans effacer leurs identités, et persuader les Français qu’une écologiste peut gouverner au-delà des symboles. Dans un paysage saturé par les crises, climatique, sociale et politique, Marine Tondelier entend transformer l’urgence écologique en projet de société. Si elle réussit, elle pourrait bien devenir la première candidate verte à franchir le seuil décisif de la crédibilité présidentielle.

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