Invitée jeudi matin sur RTL, Anne Hidalgo n’a pas mâché ses mots. À quatre mois du premier tour des municipales parisiennes, la maire sortante a affirmé ne pas croire « une seconde » à la victoire de Rachida Dati, pourtant donnée favorite dans un récent sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio. La ministre de la Culture, tête de liste Les Républicains, devancerait aujourd’hui Emmanuel Grégoire, candidat socialiste et ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo.
Les propos tranchants de l’édile interviennent alors que la campagne parisienne reste dominée par les questions de gouvernance, de probité et d’alliances politiques, sur fond d’usure de la majorité sortante et d’incertitude à gauche.
Le poids d’un procès à venir
Sur RTL, Anne Hidalgo a insisté sur le calendrier judiciaire de Rachida Dati, convoquée en septembre 2026 devant le tribunal correctionnel pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des 900 000 euros versés par une filiale de l’alliance Renault-Nissan lorsqu’elle était eurodéputée. « Je n’imagine pas une seconde les Parisiennes et les Parisiens confier les clés à quelqu’un qui pourra être démis de ses fonctions », a déclaré la maire de Paris. Elle a ajouté que, « d’un point de vue moral », la ministre « aurait dû abandonner son mandat depuis longtemps ».
Les charges, que Rachida Dati conteste, pèsent néanmoins sur une candidature qui se veut celle du renouveau à droite après deux mandats socialistes. Autour d’elle, ses soutiens dénoncent régulièrement une instrumentalisation politique de l’affaire.
Une gauche à recomposer dans l’urgence
Le sondage Ifop-Fiducial place Emmanuel Grégoire en deuxième position, malgré les tensions profondes qui l’opposent à Anne Hidalgo depuis son départ de l’Hôtel de Ville. Vainqueur de la primaire socialiste face à Rémi Féraud, le député de Paris tentera de maintenir l’héritage municipal de la gauche dans un contexte inédit de division interne et d’avancée de la droite.
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Anne Hidalgo, qui ne briguera pas de troisième mandat, s’est voulue un peu plus unitaire : « Je voterai pour le candidat de la gauche en mars, qui bien sûr peut être Emmanuel Grégoire », a-t-elle déclaré, avant d’appeler à une alliance avec les écologistes de David Belliard. « Je soutiendrai cette alliance-là. Pour l’instant, je ne m’en mêle pas », a-t-elle insisté, rappelant toutefois qu’elle n’avait pas soutenu son ancien dauphin pendant la primaire.
Des polémiques de fin de mandat persistantes
Épinglée ces dernières semaines par l’association Transparence citoyenne pour ses notes de frais, Anne Hidalgo a tenu à défendre son bilan et son intégrité. « Beaucoup d’élus disposent de telles indemnités sans avoir fait l’objet de polémiques », a-t-elle indiqué, affirmant respecter strictement « les lois de la République et le cadre fixé » pour son mandat.
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Après vingt-cinq ans à la mairie de Paris et douze ans en tant que maire, elle dit subir un « harcèlement permanent » depuis son élection. Une façon de refermer un chapitre politique qui aura profondément transformé la capitale, alors que la bataille pour sa succession s’annonce plus incertaine que jamais.


