Municipales 2026 à Paris : la droite part en ordre dispersé, la guerre Dati-Bournazel s’installe

Le soutien de Renaissance à Pierre-Yves Bournazel fragilise Rachida Dati, déjà affaiblie par le scandale du Louvre et par sa suspension de LR. Une division qui risque de coûter cher à la droite parisienne à cinq mois du scrutin.

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© Ville de Paris / AntoninAlbert - Le parti présidentiel soutiendra Pierre-Yves Bournazel (Horizons) pour les municipales à Paris, un choix qui fracture Renaissance et met Rachida Dati à l’écart.
© Ville de Paris / AntoninAlbert - Le parti présidentiel soutiendra Pierre-Yves Bournazel (Horizons) pour les municipales à Paris, un choix qui fracture Renaissance et met Rachida Dati à l’écart.

La droite parisienne replonge dans ses querelles de famille. En apportant officiellement son soutien à Pierre-Yves Bournazel, ancien député Horizons, Renaissance a pris le risque de fracturer le camp de l’alternance. Le parti présidentiel tourne le dos à Rachida Dati, candidate investie par Les Républicains, et réveille de vieilles rancunes entre macronistes et sarkozystes. « L’élection municipale parisienne est sacrifiée sur l’autel d’un accord national », a dénoncé le député Sylvain Maillard, qui a aussitôt démissionné de la présidence de la fédération parisienne de Renaissance pour rallier la ministre de la Culture.

Cette décision a provoqué une onde de choc jusque dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Si David Amiel, ministre délégué à la Fonction publique, assure que Bournazel incarne « l’union du bloc central », plusieurs figures du camp présidentiel redoutent une nouvelle guerre fratricide semblable à celle de 2020. Deux cadres du parti, Aurore Bergé et Marie Guévenoux, ont d’ailleurs voté contre cette investiture, jugeant la manœuvre trop risquée à quelques mois d’un scrutin où la droite espérait profiter de l’usure de la gauche.

Une ministre fragilisée

Pour Rachida Dati, la séquence tombe au pire moment. Déjà suspendue de son parti pour avoir refusé de quitter le gouvernement malgré les consignes de Bruno Retailleau, la maire du 7e arrondissement voit sa campagne parasitée par le cambriolage spectaculaire du Louvre, dont elle a la tutelle ministérielle. La gauche parisienne n’a pas manqué d’en faire un argument politique, dénonçant un « fiasco sécuritaire » et une ministre « plus occupée à faire campagne qu’à gérer son ministère ».

Contrainte de défendre sa gestion, Dati multiplie les déplacements et les interventions médiatiques, martelant qu’elle reste « la seule candidature d’alternance capable de gagner ». Ses proches dénoncent une « offensive coordonnée » de ses adversaires et rappellent que l’élue conserve une base solide dans les arrondissements de l’Ouest parisien. Mais la multiplication des candidatures à droite, Bournazel, Dati, et peut-être un centriste issu du MoDem, rend toute victoire beaucoup plus incertaine.

Le pari risqué de Bournazel

Face à elle, Pierre-Yves Bournazel se présente en visage neuf de la droite parisienne. Élu depuis 2008, ancien proche d’Édouard Philippe, il incarne une ligne plus apaisée, pro-européenne et modérée. Sa campagne s’appuiera sur le soutien d’Horizons et d’Ensemble, qui ont obtenu la moitié des places sur sa liste. « Je tends la main à toutes les forces du changement positif », a-t-il assuré, tout en promettant de ne « participer à aucune attaque contre le président de la République ».

Reste à savoir si ce profil technocratique séduira au-delà du centre macroniste. Pour ses adversaires, le candidat souffre d’un manque de notoriété. « Je n’ai jamais croisé un Parisien qui me parle de Pierre-Yves Bournazel », ironise un cadre LR. Mais pour ses partisans, le contexte politique, l’effritement de la majorité sortante, les divisions à gauche et la montée du Rassemblement national, pourrait lui ouvrir un espace inédit.

Une droite en miettes, une gauche à bout de souffle

À cinq mois du scrutin des 15 et 22 mars 2026, le scénario d’une alternance n’a jamais semblé aussi plausible. Après vingt-cinq ans de domination socialiste, les sondages placent la gauche fragilisée par le départ d’Anne Hidalgo et les querelles entre Emmanuel Grégoire (PS) et David Belliard (EELV). Mais la droite, incapable de s’unir derrière une seule figure, risque de transformer cette opportunité historique en nouvelle défaite.

Entre une Dati affaiblie, un Bournazel encore inconnu du grand public et une extrême droite décidée à présenter à la fois Thierry Mariani (RN) et Sarah Knafo (Reconquête !), le « trou de souris » évoqué par une élue LR pour gagner Paris se transforme peu à peu en chas d’aiguille.

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