Olivier Faure fragilisé par sa proposition de pavoiser les mairies aux couleurs de la Palestine

Le premier secrétaire du Parti socialiste est au cœur d’une tempête politique après un tweet sur le Nouvel An juif et un appel à hisser le drapeau palestinien dans les mairies le 22 septembre. L’affaire provoque un malaise profond au sein du PS et nourrit les critiques de toute la classe politique.

5 minutes de lecture
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, est fragilisé par un tweet controversé mêlant Nouvel An juif et drapeau palestinien en mairie, qui déclenche une crise politique au sein du parti et au-delà.
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, est fragilisé par un tweet controversé mêlant Nouvel An juif et drapeau palestinien en mairie, qui déclenche une crise politique au sein du parti et au-delà.

La rentrée politique d’Olivier Faure devait être celle de la stature. Quelques jours après la chute de François Bayrou et l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon, le patron du Parti socialiste s’était installé en figure centrale des oppositions, fort d’un contre-budget étoffé et du poids de ses 66 députés. Mais en quelques heures, ses messages publiés sur X ont bouleversé l’équilibre fragile qu’il tentait de bâtir.

Dimanche, le premier secrétaire propose que « les mairies fassent flotter le drapeau palestinien » le 22 septembre, jour où Emmanuel Macron doit officialiser à l’ONU la reconnaissance de l’État de Palestine par la France. L’initiative, saluée par certains militants de gauche, choque une partie de la classe politique et de la communauté juive. Le journaliste franco-israélien Julien Bahloul rappelle alors que la date coïncide avec Rosh Hashana, le Nouvel An juif. La réponse de Faure, « tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort », met le feu aux poudres.

Un tweet d’Olivier Faure qui fracture le Parti socialiste

À gauche, les réactions sont immédiates. Le député Jérôme Guedj accuse Faure d’avoir créé « un puissant malaise » en mêlant fête religieuse et conflit géopolitique. La présidente de région Carole Delga demande le retrait du tweet. D’autres élus plaident pour une position plus équilibrée : hisser les drapeaux israélien et palestinien côte à côte, comme symbole d’une solution à deux États.

La direction du parti, déjà fragilisée par des tensions internes sur la stratégie d’alliance avec La France insoumise, se retrouve ébranlée. « Lorsqu’un premier secrétaire est contraint de faire l’exégèse grammaticale de son propre tweet, c’est qu’il y a un problème sérieux », raille Guedj. Pour plusieurs élus locaux, Faure a surtout mis les maires socialistes en difficulté : faut-il suivre l’injonction de leur chef de file ou refuser au risque d’apparaître insensibles à la cause palestinienne ?

La polémique s’étend bien au-delà du PS. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, dénonce une « surenchère démagogique et clientéliste ». Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, accuse Faure de « confondre calendrier religieux et conflit géopolitique ». À droite, Bruno Retailleau rappelle que la justice administrative a déjà ordonné le retrait de drapeaux palestiniens de frontons municipaux au nom de la neutralité des services publics. Marine Le Pen va plus loin, accusant le PS de « refaire des Juifs des parias ».

Un faux pas au plus mauvais moment

Olivier Faure a reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon, appelant à « résister aux provocations », mais cette solidarité n’a fait qu’accentuer l’embarras socialiste. Dans un parti où nombre d’élus souhaitent désormais se démarquer des insoumis, ce rapprochement a été perçu comme un piège.

L’affaire intervient à la veille d’un rendez-vous crucial avec Sébastien Lecornu à Matignon. Le PS détient les clefs du futur budget : son choix de voter la censure ou de négocier des concessions conditionnera la survie du gouvernement. Or la polémique a brouillé le message des socialistes, affaiblissant leur crédibilité au moment où ils pouvaient apparaître en arbitres.

Pour ses partisans, Olivier Faure n’a commis qu’une « maladresse ». Ses détracteurs y voient une faute politique majeure, qui risque de miner la reconquête d’un parti encore fragile. À force de vouloir occuper le terrain de la gauche radicale, le premier secrétaire a exposé son camp à une fracture qu’il prétendait justement éviter.

Partager cet article
Laisser un commentaire