Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien de 74 ans, a été condamné mardi à vingt ans de réclusion criminelle. Il était jugé pour des viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, dont la majorité étaient mineures. Il a reconnu l’ensemble des faits et ne fera pas appel.
C’est une affaire d’une ampleur sans précédent. Joël Le Scouarnec, aujourd’hui âgé de 74 ans, a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur 299 personnes. La majorité de ces victimes étaient des enfants. Les faits ont été commis entre 1989 et 2014, dans plusieurs hôpitaux où il exerçait.
L’ancien médecin a été condamné à vingt ans de prison, dont deux tiers de peine de sûreté. Il ne pourra donc pas sortir avant au moins treize ans. Il a décidé de ne pas faire appel.
Un procès hors normes
Le procès s’est ouvert le 13 mai à Paris, dans une salle spéciale en raison du nombre exceptionnel de parties civiles. Sur les 349 victimes recensées, 299 étaient concernées par la procédure. Plus de 200 se sont constituées parties civiles.
Pendant les audiences, l’accusé a reconnu tous les faits. Il a décrit un « besoin irrépressible ». Les abus ont été commis dans des blocs opératoires, des chambres d’hôpital ou des cabinets médicaux. Certains enfants avaient moins de dix ans.
« Ce procès est celui de l’impunité », a dénoncé Me Francesca Satta, avocate de plusieurs victimes. « Vingt ans, c’est peu au regard du nombre de victimes. C’est une peine conforme au Code pénal, mais pas à la réalité du drame. »
Des alertes ignorées
Plusieurs témoignages ont évoqué des signaux d’alerte passés sous silence. Des comportements signalés n’ont jamais été suivis d’enquête. Ni par les établissements de santé, ni par l’Ordre des médecins.
« Il a pu agir pendant vingt-cinq ans sans être inquiété. Pourquoi ? », a questionné Me Delphine Meillet, autre avocate de la partie civile. Une enquête administrative est toujours en cours pour comprendre les défaillances.
Les victimes face au silence
Ce procès a aussi marqué une libération de la parole. De nombreuses victimes ont témoigné, parfois pour la première fois. D’autres ont écrit au tribunal pour raconter les conséquences psychologiques de ces violences.
« Ce que je veux, c’est qu’on dise enfin qu’on m’a crue », a lu une avocate au nom d’une plaignante.
Le fait que Le Scouarnec renonce à faire appel a été salué. « Cela évitera un second procès douloureux », a estimé le parquet général.