Il est un peu plus de 14 h 45 ce mardi lorsque le calme du cours Belsunce, tout près du Vieux-Port de Marseille, bascule dans la panique. Un homme de 35 ans, récemment expulsé d’un hôtel du quartier pour défaut de paiement, revient sur les lieux avec deux couteaux de boucher et une matraque. Il se précipite vers la chambre qu’il occupait encore la veille et s’en prend violemment à l’occupant qui l’a remplacé. En quelques secondes, les cris résonnent dans les couloirs, et l’agression se poursuit dans le hall de l’établissement.
Une attaque d’une extrême brutalité
Le gérant de l’hôtel et son fils tentent de s’interposer, mais ils sont à leur tour blessés par l’agresseur. Pris dans une rage incontrôlable, celui-ci sort dans la rue et se dirige vers un snack-bar voisin. Il tente d’atteindre le commerçant derrière son comptoir, mais les clients réagissent immédiatement et parviennent à repousser l’homme. Sa fuite se poursuit à l’extérieur, où il s’en prend à deux passants choisis au hasard. Le quartier, très fréquenté en milieu d’après-midi, plonge dans la confusion : les uns courent pour s’abriter, d’autres tentent de comprendre ce qui se passe, pendant que les appels aux secours affluent.
L’intervention policière sous tension
Alertées par plusieurs témoins, des patrouilles de police arrivent rapidement sur place. Elles repèrent l’homme toujours armé et tentent de le maîtriser. Les sommations restent sans effet : l’assaillant refuse de lâcher ses couteaux et fonce vers les forces de l’ordre. Face à une menace jugée immédiate, les policiers ouvrent le feu. L’homme s’effondre. Il décède quelques minutes plus tard malgré l’arrivée rapide des secours. L’opération, menée en pleine rue, sous les yeux de nombreux badauds, met fin à une vingtaine de minutes de violence qui ont laissé cinq blessés, dont un dans un état critique.
Le profil de l’agresseur
Selon les premiers éléments communiqués par le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, l’homme était de nationalité tunisienne et en situation régulière en France. Il n’était pas connu pour des faits de radicalisation, mais avait déjà attiré l’attention des autorités locales pour des incidents mineurs. Son expulsion de l’hôtel quelques heures plus tôt, pour non-paiement, pourrait avoir été l’élément déclencheur de son geste. Les enquêteurs s’interrogent toutefois sur son état psychologique et sur la préparation éventuelle de cette attaque.
Les blessés pris en charge
Le bilan humain est lourd. L’occupant de la chambre visée en premier a été grièvement touché et son pronostic vital est engagé. Le gérant de l’hôtel et son fils ont été blessés mais leurs jours ne sont pas en danger. Les deux passants agressés dans la rue souffrent de blessures plus légères. Tous ont été pris en charge par les pompiers et le SAMU, avant d’être transportés vers différents hôpitaux de la ville. Une cellule psychologique a été mise en place pour les témoins et les riverains.
Marseille encore frappée par la violence
Cette attaque survient dans un contexte sécuritaire déjà tendu pour la cité phocéenne, régulièrement marquée par des règlements de comptes liés au trafic de drogue. Le cours Belsunce, situé à proximité du Vieux-Port et de la gare Saint-Charles, est un secteur très fréquenté, connu pour ses commerces et sa forte affluence touristique. La violence de mardi a ravivé les craintes d’une insécurité diffuse dans le centre-ville. « C’est un quartier que nous voulons apaiser, et voir une telle scène en plein après-midi est dramatique », a confié un élu municipal.
Une enquête en cours
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, attendu en début de soirée à Marseille, a salué la réactivité des forces de l’ordre et promis toute la transparence sur les suites de l’enquête. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire, qui devra éclaircir les motivations exactes de l’assaillant. Les enquêteurs privilégient pour l’heure la piste d’un geste isolé, lié à une situation personnelle fragile. Mais aucune hypothèse n’est écartée, et les auditions des proches de l’homme doivent se poursuivre dans les prochains jours.
Dans une ville où la question sécuritaire occupe une place centrale dans le débat public, ce drame met une nouvelle fois à l’épreuve la capacité des autorités à rassurer les habitants et à protéger un centre-ville déjà sous tension.
