Cambriolage du Louvre : cinq nouvelles interpellations, un membre du commando identifié

Onze jours après le spectaculaire vol de bijoux à la galerie d’Apollon, les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme ont arrêté cinq nouveaux suspects, dont un homme lié au casse par son ADN. Le butin, estimé à 88 millions d’euros, reste introuvable.

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Pour rentrer dans le Louvre, les cambrioleurs ont utilisé une nacelle.
Pour rentrer dans le Louvre, les cambrioleurs ont utilisé une nacelle.

L’enquête sur le cambriolage du Louvre, qui a stupéfié la planète, progresse à pas mesurés. Mercredi soir, les policiers de la Brigade de répression du banditisme (BRB) ont interpellé cinq personnes à Paris et en Seine-Saint-Denis. Les opérations, coordonnées par le parquet de Paris, ont eu lieu presque simultanément, vers 21 heures, dans le 16e arrondissement et à Aubervilliers. « Parmi les personnes arrêtées, figure un individu directement impliqué dans le commando », a confirmé jeudi matin la procureure de Paris, Laure Beccuau, au micro de RTL.

Les analyses ADN ont permis d’établir un lien formel entre ce suspect et la scène du vol commis le 19 octobre. Ce jour-là, quatre hommes avaient réussi, en moins de huit minutes, à s’introduire dans la galerie d’Apollon, au cœur du musée, en brisant les vitrines contenant des parures historiques, dont la couronne de l’impératrice Eugénie. Les voleurs avaient pris la fuite à bord de scooters, laissant derrière eux une pièce endommagée. « Nous avions ce profil dans le viseur depuis plusieurs jours », a précisé la magistrate.

Un puzzle criminel qui se complète

Ces nouvelles interpellations s’ajoutent à celles de deux hommes arrêtés samedi dernier, âgés de 34 et 39 ans, déjà mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs. L’un d’eux avait été appréhendé à l’aéroport de Roissy alors qu’il tentait de quitter le territoire pour l’Algérie. Les deux suspects avaient « partiellement reconnu » leur participation au casse, selon la procureure. Tous deux sont depuis incarcérés.

Les perquisitions menées dans la nuit de mercredi à jeudi n’ont toutefois pas permis de remettre la main sur le butin, estimé à 88 millions d’euros. « Les bijoux sont invendables sur le marché, mais il est encore temps de les restituer », a déclaré Laure Beccuau, qui a comparé l’enquête à « un fil d’Ariane » dont chaque arrestation resserre la trame. Plus de 150 prélèvements ont été analysés par la police technique et scientifique depuis le début des investigations.

Un casse aux failles de sécurité béantes

Le vol, digne d’un scénario de cinéma, continue de soulever de nombreuses interrogations sur la sécurité du musée le plus visité du monde. Le 19 octobre au matin, les membres du commando avaient installé un camion-élévateur sur le quai François-Mitterrand, avant de se hisser jusqu’à une fenêtre latérale. Munis de disqueuses et de marteaux, ils avaient fracturé les vitrines en verre blindé de la galerie d’Apollon. Le dispositif d’alarme n’avait pas permis d’empêcher leur fuite, survenue avant l’arrivée de la première patrouille.

Depuis, la direction du Louvre et le ministère de la Culture sont sous pression. Rachida Dati, ministre de la Culture, a demandé un audit complet des dispositifs de sécurité. « Toutes les failles seront identifiées et corrigées », a-t-elle promis. Le préfet de police de Paris, Patrice Faure, a pour sa part refusé l’idée d’un commissariat permanent dans l’enceinte du musée, réclamée par la présidente du Louvre, Laurence des Cars.

Une traque qui s’intensifie

Une centaine d’enquêteurs de la BRB et de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) reste mobilisée. Les enquêteurs cherchent encore à identifier le quatrième membre du commando, en fuite, ainsi que d’éventuels receleurs. « Chaque interpellation permet de resserrer l’étau », confie une source policière.

Pour l’heure, aucun élément ne permet d’affirmer qu’une complicité interne ait facilité le vol. Mais les enquêteurs s’interrogent sur la précision du repérage effectué avant le casse. « Les auteurs connaissaient parfaitement les lieux », souligne un haut fonctionnaire de la PJ. La procureure, elle, se veut déterminée : « Nous poursuivrons jusqu’à ce que la vérité soit établie et que ces bijoux soient rendus au musée et à la nation. »

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