Mort de Ziad Takieddine, l’intermédiaire au cœur des affaires Sarkozy

L’homme d’affaires franco-libanais, impliqué dans de nombreux dossiers politico-financiers en France, est décédé à 75 ans à Beyrouth. Sa disparition met fin à un parcours sulfureux, entre contrats d’armement et soupçons de financement occulte.

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L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, le 17 novembre 2011, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)
L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, le 17 novembre 2011, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il était devenu l’un des visages les plus familiers des scandales politico-financiers français. Ziad Takieddine est mort ce mardi à Beyrouth, à l’âge de 75 ans, selon son avocate É lise Arfi. Intermédiaire d’affaires, il avait longtemps navigué dans l’ombre des contrats d’armement avant de surgir sur le devant de la scène judiciaire au tournant des années 2000.

Condamné en 2020 à cinq ans de prison dans le volet financier de l’affaire Karachi, sa peine avait été confirmée en appel en début d’année. Réfugié au Liban, il échappait à un mandat d’arrêt international. Mais c’est surtout son rôle dans le dossier du financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 qui l’avait propulsé au rang d’accusateur encombrant.

Des contrats d’armement aux valises de cash

Né en 1950 à Baakline, au Liban, Takieddine s’était imposé comme intermédiaire lors de ventes d’armes françaises vers le Pakistan et l’Arabie saoudite. Ces contrats, conclus dans les années 1990, sont devenus synonymes de commissions occultes et de soupçons de rétrocommissions, qui constitueront le cœur de l’affaire Karachi.

Au fil du temps, l’homme d’affaires s’était rapproché de plusieurs figures politiques françaises. C’est dans ce sillage qu’il avait affirmé avoir joué un rôle déterminant dans la mise en place d’un financement venu de Tripoli pour la campagne de Nicolas Sarkozy. En 2012, puis en 2016, il avait déclaré avoir transporté plusieurs valises d’argent liquide en provenance de Mouammar Kadhafi, destinées, selon lui, à l’ancien président et à son entourage.

Un témoin aussi central que contesté

Ces accusations, Nicolas Sarkozy les a toujours balayées d’un revers de main, dénonçant un « tissu de mensonges ». Les magistrats, eux, ont tenté de démêler les déclarations changeantes de Takieddine, tour à tour confirmées, nuancées ou rétractées. « Il disait détenir les clés de l’affaire, mais ses revirements successifs ont fragilisé sa crédibilité », confie un ancien enquêteur.

De Beyrouth, où il s’était installé pour éviter la prison en France, Takieddine multipliait les entretiens et les coups d’éclat médiatiques. Il attaquait volontiers la justice française, tout en revendiquant un rôle de témoin essentiel.

Sa mort intervient alors que le procès Sarkozy-Kadhafi doit entrer dans une phase décisive. Les juges perdent un acteur majeur du dossier, dont la parole, aussi instable fût-elle, avait contribué à faire vaciller l’un des plus hauts responsables politiques français.

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