L’ancien président de la République a entamé, lundi 21 octobre 2025, sa peine de cinq ans de prison ferme après sa condamnation pour « association de malfaiteurs » dans le dossier du financement libyen de sa campagne de 2007. Conduit en fin de matinée à la prison de la Santé, dans le XIVᵉ arrondissement de Paris, il a été placé dans une cellule individuelle, au sein d’un quartier spécialement aménagé.
Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a confirmé que deux policiers du Service de la protection (SDLP) seraient installés dans des cellules voisines pour assurer une garde continue. « Compte tenu du risque évident qui pèse sur sa personne, la protection rapprochée est maintenue », a-t-il déclaré. Une première dans l’histoire pénitentiaire française.
Une cellule sous haute surveillance
À la Santé, un couloir entier a été isolé pour accueillir l’ancien chef de l’État. Sa cellule, équipée d’un espace de travail et d’un lit médicalisé, reste sous vidéo-surveillance constante. Les promenades se déroulent seul, à horaires fixes, sans contact avec d’autres détenus. Les deux policiers chargés de sa sécurité dorment à proximité et disposent d’une ligne directe avec la direction de l’établissement, selon Le Monde.
Ce dispositif s’explique par des menaces reçues dès son arrivée. Le parquet de Paris a confirmé l’ouverture d’une enquête après la diffusion, sur les réseaux sociaux, de vidéos de détenus jurant de « venger Kadhafi ». « Ce n’est pas un privilège, c’est une nécessité », a souligné une source judiciaire citée par Reuters. La direction de la prison affirme que la priorité est de « prévenir tout incident susceptible d’avoir une portée politique ou symbolique ».
Les conditions de vie de Nicolas Sarkozy sont encadrées avec une précision militaire : repas livrés par un personnel filtré, sorties limitées, visites d’avocats dans un parloir isolé. À l’extérieur, la préfecture de police a élargi le périmètre de sécurité autour de la prison. Chaque véhicule y est désormais contrôlé, les journalistes tenus à distance.
Des agents pénitentiaires sous tension
La présence constante de policiers dans un établissement pénitentiaire a provoqué de vives réactions. « Deux civils dans une prison, ce n’est pas normal. Ils ne connaissent pas nos procédures », a dénoncé Wilfried Fonck, de la CGT-Pénitentiaire. Le syndicat estime que l’administration aurait pu assurer seule la sécurité de l’ancien président. « C’est une ingérence qui brouille les responsabilités », déplore un surveillant de la Santé.
Le ministère de la Justice assume pourtant ce choix. « Nous gérons un détenu d’un type particulier, à la fois ancien chef d’État et cible potentielle », explique un cadre de la direction pénitentiaire. L’administration parle d’une « coopération encadrée » entre la Justice et l’Intérieur, sans hiérarchie entre les deux corps. Une position jugée « peu réaliste » par plusieurs syndicats, qui redoutent un précédent pour les futurs détenus à haut risque.
Un symbole embarrassant pour la République
Au-delà de la logistique, la détention de Nicolas Sarkozy soulève une question politique. Comment concilier l’égalité devant la peine et la protection due à un ancien président ? Pour l’avocat pénaliste François Saint-Pierre, cité par Euronews, « la République doit garantir la sécurité de tous, même de ceux qui l’ont dirigée ».
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Âgé de 70 ans, Nicolas Sarkozy demeure sous étroite surveillance, tout en poursuivant ses démarches judiciaires. Ses avocats ont déposé une demande de libération conditionnelle, arguant de son âge et de son comportement exemplaire. D’ici à la décision de la cour d’appel, l’ancien président reste confiné dans son couloir protégé, surveillé par deux policiers qui incarnent à la fois la continuité de l’État et le paradoxe d’une République contrainte de protéger celui qu’elle a condamné.


