OLERON – 5 NOVEMBRE. À La Cotinière, le phare rouge et blanc se découpe toujours dans la brume, mais la quiétude du port s’est envolée. Mercredi, vers 9 h 30, la routine matinale a basculé en cauchemar. Au volant de sa Honda Civic, un homme originaire de l’île a foncé sur des piétons et cyclistes entre Dolus-d’Oléron et Saint-Pierre-d’Oléron. En trente-cinq minutes, il a blessé cinq personnes âgées de 22 à 67 ans, dont une jeune assistante parlementaire et un cycliste de 69 ans, avant d’être maîtrisé par les gendarmes à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique.
« On n’imagine pas vivre un truc pareil »
Le maire de Saint-Pierre-d’Oléron, Christophe Sueur, a encore la voix tremblante : « La voiture, je l’ai vue brûlée. Il y avait les impacts des corps sur le capot. On n’imagine pas sur un territoire aussi calme vivre un tel événement », confie-t-il, bouleversé.
Sur place, une cellule médico-psychologique a été ouverte dans un complexe sportif, tandis que les hélicoptères du Samu évacuaient les blessés vers Poitiers et La Rochelle. « Quand on a vu les hélicos, on a compris que c’était grave », souffle un pêcheur du port de La Cotinière, resté longtemps figé devant la gendarmerie.
Les enquêteurs du parquet de La Rochelle ont ouvert une information pour « tentatives d’assassinats ». Le suspect, identifié comme Jean G., a été interpellé alors qu’il tentait de mettre le feu à son véhicule. Des bouteilles de gaz ont été retrouvées à bord, partiellement calcinées.
Un habitant « marginal » et instable
L’homme, inconnu des services antiterroristes, vivait seul dans un mobil-home du petit port de La Cotinière. « Il menait une vie très isolée et avait des problèmes d’alcool et de drogue », précise le maire de Saint-Pierre-d’Oléron. Son test d’alcoolémie s’est révélé négatif, mais il était connu des forces de l’ordre pour des faits de violences, de vols et d’usage de stupéfiants.
Sur ses réseaux sociaux, le trentenaire partageait des messages décousus mêlant religion, théories du complot et diatribes contre le gouvernement. « Capable de rire et, la seconde d’après, de péter un câble », se souvient un ancien collègue cité par Sud Ouest.
D’après le parquet, il aurait confié aux enquêteurs avoir « découvert l’islam récemment » et dit qu’« Allah lui avait confié une mission ». Le Parquet national antiterroriste, pour l’heure, ne s’est pas saisi du dossier mais « reste en observation ». Les premières expertises psychiatriques seront déterminantes.
« Oléron, ce n’est pas Paris, on n’est pas préparés à ça »
Dans les rues étroites de Saint-Pierre, les volets restent clos. Les commerçants se parlent à voix basse. « C’est irréel, on se connaît tous ici », souffle la serveuse du bar du port. La veille encore, la victime de 22 ans courait sur la piste cyclable qui longe les marais. « Elle est toujours entre la vie et la mort », confie une amie, la gorge nouée.
Les habitants, eux, oscillent entre colère et incompréhension. « Oléron, ce n’est pas Paris, on n’est pas préparés à ça », lâche un retraité, témoin de la scène. Les gendarmes maintiennent une présence visible tandis que les gendarmes de l’IRCGN ont bouclé la zone du choc.
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« Ce drame nous frappe en plein cœur », a réagi le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, venu sur place dans l’après-midi à la demande du Premier ministre Sébastien Lecornu. Sur le front de mer balayé par le vent, les gerbes de fleurs s’accumulent près du rond-point où la voiture a terminé sa course. Le silence, lui, ne s’est toujours pas rompu sur l’île.


