Polémique à Lyon 2 après la publication d’une liste de personnalités qualifiées de «génocidaires»

Un professeur d’histoire médiévale de l’université Lyon 2 a suscité un vif émoi en partageant sur Facebook une liste de vingt personnalités publiques présentées comme des «génocidaires à boycotter». La direction condamne fermement, tandis que les réactions politiques s’enchaînent.

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lyon 2

L’université Lumière Lyon 2 replonge malgré elle dans la tourmente. Six mois après les violences qui avaient visé le géographe Fabrice Balanche en plein cours, l’établissement lyonnais est de nouveau au cœur d’une controverse liée au conflit israélo-palestinien. Cette fois, c’est un professeur d’histoire médiévale, Julien Théry, qui se retrouve sous le feu des critiques pour avoir diffusé sur un groupe Facebook consacré aux débats intellectuels une liste de vingt personnalités qualifiées de «génocidaires à boycotter en toutes circonstances».

Le message, publié le 20 septembre mais passé largement inaperçu jusqu’à ces derniers jours, visait les signataires d’une tribune appelant Emmanuel Macron à ne pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables. Parmi les noms cités figurent des artistes et intellectuels comme Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal, Arthur Essebag, Yonathan Arfi ou Bernard-Henri Lévy.

Condamnations en cascade

La polémique a explosé vendredi lorsque la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme a dénoncé une «attitude ignominieuse», allant jusqu’à comparer la démarche à celles de l’Occupation. L’association affirme se tenir prête à accompagner en justice les personnalités visées.

L’onde de choc a rapidement gagné le terrain politique. Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, a dénoncé des propos «hallucinants», évoquant «l’antisémitisme ordinaire d’extrême gauche» dans les universités. L’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas manqué de rappeler la suspension des financements régionaux décidée en avril, après l’agression de Fabrice Balanche par des individus masqués lors d’un cours consacré à la Syrie.

Un professeur assume et se dit ciblé

Face à la polémique, Julien Théry a réagi publiquement, accusant ses détracteurs de mener «une offensive maccarthyste» contre la liberté académique. Sur son profil Facebook, il affirme viser des positions «sionistes» et reproche à ses opposants de confondre à dessein critique politique et antisémitisme. Il renvoie notamment vers un de ses textes intitulé «Antisémitisme de gauche : la grande fake news», poursuivant ainsi l’argumentaire qu’il développe régulièrement dans l’émission La Grande H. qu’il anime sur Le Média, plateforme classée à l’extrême gauche.

Le groupe Facebook où a été publiée la liste est lui-même administré par ce média, cofondé notamment par Sophia Chikirou. Une proximité qui nourrit les accusations de militantisme, déjà anciennes autour de l’enseignement de l’histoire à Lyon 2.

L’université se désolidarise et envisage des mesures

Contactée par la presse, la direction de Lyon 2 dit avoir découvert le post «avec consternation». Elle affirme condamner «avec la plus grande fermeté» une publication jugée contraire aux valeurs de l’établissement. Tout en reconnaissant à son professeur un droit d’expression à titre individuel, elle insiste sur le caractère strictement privé de cette prise de position, estimant que le procédé utilisé «ne représente en rien l’université».

L’établissement précise qu’il étudiera «dans les meilleurs délais» les mesures à prendre. Aucune indication n’a pour l’instant été donnée sur de potentielles sanctions.

Cette nouvelle affaire intervient alors que l’université tente de restaurer une image fragilisée par une série d’incidents liés au climat politique et international. La polémique relance les débats sur la liberté universitaire, les engagements militants et la responsabilité des enseignants au sein des établissements publics.

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Après des études en Affaires Publiques et à HEC Montréal, Timothé devient journaliste pigiste. Il collabore avec de nombreux médias français depuis Montréal.
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