Le mois d’août restera comme l’un des plus meurtriers de ces quinze dernières années. Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 341 personnes ont perdu la vie en France métropolitaine, contre 290 en août 2024. La déléguée interministérielle Michèle Lugrand parle d’un « sursaut collectif indispensable », alors que juillet avait déjà été marqué par 338 décès, en hausse de 23 % sur un an.
Sécurité routière : un relâchement des comportements au volant
Les causes avancées par les autorités sont connues : excès de vitesse, usage du téléphone, comportements imprudents. « Chaque relâchement fragilise la sécurité commune », insiste Michèle Lugrand. Les automobilistes concentrent l’essentiel de la hausse, avec 53 décès supplémentaires, suivis des piétons (+8) et des cyclistes (+2). Les jeunes de moins de 18 ans sont particulièrement touchés, avec 32 morts, soit 20 de plus qu’un an plus tôt.
L’ONISR souligne que cette dégradation concerne toutes les catégories d’usagers sauf les deux-roues motorisés. Le nombre de blessés graves reste stable à 1 601 cas, ce qui n’atténue pas l’alerte. François-Noël Buffet, ancien ministre délégué à l’Intérieur, dénonce « un relâchement inacceptable des comportements », plaidant pour une intensification des contrôles.
L’Hexagone en crise, l’Outre-mer en recul
En métropole, la mortalité explose, mais les départements d’outre-mer enregistrent une tendance inverse. Depuis janvier, les accidents corporels y ont reculé de 24 %, avec 23 décès contre 25 un an plus tôt. Une divergence qui interroge sur l’efficacité des politiques locales de prévention.
À LIRE AUSSI : Pourquoi les pick-up Toyota sont devenus des armes de guerre
Pour les autorités nationales, la situation française traduit un retour en arrière. « Nous assistons à une banalisation des infractions routières », estime un haut responsable de la sécurité routière. Les chiffres viennent rappeler que l’objectif de passer sous la barre des 3 000 morts annuels d’ici 2030 reste encore lointain.
Téléphone au volant : vers une tolérance zéro
Dans les Landes, le préfet Gilles Clavreul a choisi de sévir contre un facteur jugé majeur : le téléphone au volant. À partir de novembre, les conducteurs surpris en infraction pourront voir leur permis suspendu pour six mois, une première en France. « Les chiffres sont préoccupants : 16 décès depuis janvier dans le département sont liés à la distraction du téléphone », a-t-il précisé.
À LIRE AUSSI : ChatGPT se dote d’un contrôle parental : une réponse après le drame d’un adolescent aux États-Unis
Cette expérimentation pourrait inspirer d’autres préfectures si les résultats sont concluants. Chaque année, plus de 500 000 automobilistes sont verbalisés pour usage du téléphone en conduisant. La Sécurité routière rappelle que ce comportement multiplie par trois le risque d’accident, et par 23 lorsqu’il s’agit d’un SMS.