C’est l’histoire que Roland-Garros adore raconter. Celle d’une jeune joueuse française, quasi inconnue, qui bouscule l’ordre établi, renverse les têtes de série, et se fraye un chemin jusqu’au dernier carré du tournoi. Loïs Boisson, 22 ans, classée au-delà de la 350e place mondiale, a signé mercredi un exploit majuscule en écartant la Russe Mirra Andreeva, 17 ans, 6e mondiale et favorite désignée du bas de tableau.
Au bout d’1h48 de combat intense, c’est bien la Tricolore qui levait les bras sur le Philippe-Chatrier, incrédule, les yeux embués, portée par un public debout. “J’ai l’impression de rêver”, a-t-elle soufflé au micro, la voix tremblante. “Je suis venue ici pour profiter, et voilà que je me retrouve en demi-finale… C’est fou.”
Une première manche à l’arraché
Dès les premiers échanges, Boisson a montré qu’elle n’était pas là par hasard. Solide sur ses mises en jeu, agressive en retour, elle a rapidement bousculé le rythme de la jeune Andreeva. La Russe, pourtant réputée pour sa régularité, a semblé surprise par la qualité de frappe et l’audace de son adversaire.
Le premier set a été un bras de fer, tendu et spectaculaire, conclu au tie-break. À 6-6, Boisson a sauvé un set point sur un revers long de ligne audacieux, avant de conclure sur un passing croisé en bout de course, sous les acclamations du Central.
Andreeva impuissante, Boisson impassible
Dans la deuxième manche, Andreeva a tenté de hausser le ton, mais c’est Boisson qui a pris l’ascendant. Son service, régulier et précis, lui a permis de dicter l’échange. À 3-2, elle a breaké sur une double faute de son adversaire, avant de conserver son avance avec sang-froid.
À 5-3, elle s’est offert deux balles de match sur une amortie parfaitement touchée. Sur la deuxième, un retour trop long d’Andreeva a scellé le sort du match. Et peut-être lancé une nouvelle héroïne.
Une Française dans le dernier carré, treize ans après
Avec cette victoire, Loïs Boisson devient la première Française à se hisser en demi-finale de Roland-Garros depuis Marion Bartoli en 2011. Plus fort encore : elle est la joueuse la moins bien classée de l’histoire moderne à atteindre ce stade de la compétition.
Elle retrouvera en demi-finale l’Américaine Coco Gauff (n°2), tombeuse de Madison Keys, pour un duel qui s’annonce aussi déséquilibré sur le papier que celui de ce mercredi. “Je n’ai rien à perdre”, a-t-elle lancé. Personne ne dira le contraire.
